Le grand défi numérique au cœur du foyer
Les écrans sont partout : télévisions, tablettes, smartphones, consoles de jeux… Et ils se sont invités dans toutes les pièces de la maison, jusque dans les chambres des enfants. Faut-il les diaboliser ? Pas nécessairement. En revanche, il est essentiel d’apprendre à les apprivoiser. En tant que journaliste spécialisée dans la famille, passionnée par la parentalité bienveillante et les questions d’éducation numérique, j’ai moi-même dû revoir la place des écrans chez moi. Et je ne suis pas la seule.
De nombreux parents me confient leur désarroi : gérer les écrans, c’est comme jongler avec autant de télécommandes que d’âges et de besoins différents. Heureusement, instaurer des règles claires et adaptées à chaque tranche d’âge, en impliquant tous les membres de la famille, permet d’éviter bien des crispations. Et surtout, cela préserve la santé mentale, physique et émotionnelle de chacun. Voici quelques pistes concrètes pour naviguer sereinement dans ce monde 2.0 en famille.
Comprendre l’impact des écrans sur les enfants et les ados
Avant de fixer des règles, il est crucial de savoir pourquoi on le fait. Plusieurs études scientifiques, dont celles de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), pointent les risques d’une exposition excessive aux écrans chez les plus jeunes : retard de langage, troubles du sommeil, baisse de l’attention et même isolement social pour les adolescents.
En France, le Haut Conseil de la santé publique recommande :
- 0 écran avant 3 ans, sauf visio avec les grands-parents !
- Évitement des écrans le matin et au moins une heure avant le coucher chez les enfants de 3 à 12 ans
- Encadrement du temps passé et du contenu consulté chez les adolescents
Un usage non encadré, même chez les adultes, peut devenir une source de stress, de tensions familiales et nuire aux relations. Il faut donc voir les écrans comme un outil, ni bon ni mauvais en soi, mais dont le bon usage dépend des règles qu’on applique ensemble.
Impliquer tous les membres de la famille
La règle d’or ? Co-construire. Établir les règles des écrans en famille, c’est tout sauf une punition. C’est un moment d’échange, qui responsabilise les enfants et évite l’arbitraire. Réunissez toute la famille pour un “conseil des écrans” (oui, ça sonne un peu comme un film Marvel, mais promis, c’est très efficace).
Lors de cette réunion, chaque membre peut :
- Exprimer ses besoins numériques (travailler, se divertir, appeler un ami…)
- Partager ce qu’il aime ou n’aime pas dans les usages actuels
- Proposer des règles ou des “temps sans écran”
Impliquer les enfants dès leur plus jeune âge les aide à développer un esprit critique. Créer une charte familiale des écrans qu’on affiche dans le salon permet aussi de formaliser cet engagement collectif.
Mettre en place des règles claires (et réalistes)
Les règles doivent être adaptées à l’âge, à la maturité, mais aussi au rythme de chaque famille. Voici quelques idées de règles à moduler selon vos besoins :
- Créer des plages “sans écran” : à table, dans les chambres, une heure avant le coucher
- Limiter le temps d’écran par jour ou par semaine (avec des outils de contrôle parental si besoin)
- Choisir ensemble les contenus autorisés (films labellisés, jeux éducatifs, réseaux sociaux encadrés…)
- Exiger un équilibre entre écrans et autres activités (plein air, jeux de société, lecture, sport…)
- Éviter les écrans en fond sonore permanent : TV allumée “pour meubler” = source de distraction constante
Et surtout, faire preuve de souplesse quand c’est nécessaire. Un enfant malade qui comate devant un dessin animé ? Ce n’est pas la fin du monde. Mieux vaut des règles souples, comprises et respectées, qu’un cadre trop rigide qui génère conflits et frustrations.
Montrer l’exemple en tant qu’adulte
La gestion des écrans en famille commence par soi-même. Les chiffres de l’INA et du rapport de l’ARCEP sont éloquents : les parents passent en moyenne entre 3 et 5 heures par jour sur leur smartphone. Or, si les enfants nous voient scroller en permanence, pourquoi s’arrêteraient-ils de jouer à Minecraft ?
Quelques pistes pour donner l’exemple :
- Laisser le téléphone à l’entrée ou dans une boîte à l’heure des repas
- Lire le journal papier devant ses enfants
- Utiliser une montre pour consulter l’heure au lieu d’allumer l’écran du téléphone
- Montrer qu’on peut aussi s’ennuyer. Oui, s’ennuyer, c’est bon pour le cerveau !
Les enfants apprennent par mimétisme. Si vous bâillez devant un écran, ils le feront aussi. Montrer un usage raisonné, voire enthousiaste et choisi, des outils numériques montre la voie.
Encadrer les contenus, pas seulement le temps
Limiter le temps, c’est bien. Mais surveiller le contenu, c’est tout aussi crucial, surtout à l’heure des réseaux sociaux et des chaînes YouTube infinies. Ici aussi, le dialogue est votre meilleur allié.
Explorez avec vos enfants les vidéos qu’ils regardent, les jeux auxquels ils jouent. Préférez les plateformes sécurisées comme YouTube Kids pour les plus jeunes et activez les filtres parentaux. Expliquer les dangers d’internet (cyberharcèlement, données personnelles, fake news…) fait aussi partie de votre rôle éducatif.
La loi française, via le Code de l’éducation (article L. 312-9), impose notamment une éducation aux médias et à l’information à l’école. Autant l’assurer aussi à la maison !
Redonner du temps à la vraie vie
Et si les écrans pouvaient nous servir à mieux profiter… de la vie réelle ? Planifiez des temps “déconnectés” en famille : dimanche sans technologie, soirée jeux de société, balade à vélo après l’école…
L’important n’est pas de tout interdire, mais de retrouver l’équilibre. Les enfants ont besoin de temps de pause, de silence, d’échange réel. Et nous aussi.
Les écrans peuvent enrichir notre quotidien… à condition de ne pas en devenir prisonniers. Fixer des règles saines, les incarner, et surtout rester en dialogue permanent : c’est tout l’enjeu d’une parentalité numérique réussie.
À bientôt pour d’autres conseils éclairés sur la vie de famille,
Rosa