Un moment de partage unique autour d’un plateau de jeu
Imaginez une soirée où les écrans sont éteints, les téléphones mis de côté, et où l’on se retrouve autour d’un plateau de jeu coloré, prêts à rire, à réfléchir, à rivaliser dans la bonne humeur. Les jeux de société ne sont pas seulement une source de divertissement : ils sont un formidable outil pour rétablir le dialogue, renforcer les liens familiaux et aider les plus jeunes à grandir en confiance.
Que l’on soit parents, grands-parents, oncles ou tantes, instaurer des moments de jeux dans la routine familiale, c’est offrir une pause précieuse dans nos quotidiens souvent trop rapides. Et croyez-moi, ces moments font toute la différence, tant pour la cohésion familiale que pour le développement des compétences des enfants.
Des liens familiaux renforcés par le jeu
Lorsqu’on joue ensemble, on se retrouve dans un cadre bienveillant, en dehors des rapports hiérarchiques habituels. Le petit dernier peut battre papa à « Qwirkle », la grande sœur coacher son frère dans « Time’s Up », et tout le monde rit de bon cœur. Ce genre d’interaction revalorise chacun et crée un terrain d’égalité temporaire qui renforce la complicité familiale.
Ces moments de jeu offrent également un espace sûr pour s’exprimer sans jugement. L’enfant y montre sa personnalité, ose discuter stratégie, exprime ses frustrations ou sa fierté. Le jeu devient alors un outil d’écoute active. En tant qu’adultes, nous découvrons souvent des aspects insoupçonnés de nos enfants, de leur logique à leur humour.
Une mine d’or pour le développement des enfants
Le jeu de société n’est pas qu’un loisir ; c’est une école miniature. Entre les règles à suivre, les choix à faire, les autres joueurs à observer, l’enfant mobilise et développe une multitude de compétences essentielles :
- Compétences cognitives : mémoire (dans les jeux comme « Dobble »), logique (avec « Carcassonne », « Les Aventuriers du Rail »), stratégie… On stimule activement le cerveau.
- Langage et communication : quand il faut expliquer un mot, convaincre ou raconter une histoire, les enfants enrichissent leur vocabulaire sans même s’en rendre compte.
- Gestion des émotions : apprendre à perdre, à attendre son tour, à gérer sa frustration. Des éléments cruciaux pour la vie en société.
- Créativité : certains jeux comme « Dixit » ou « Esquissé ? » libèrent l’imaginaire des enfants en les amenant à créer, raconter et interpréter.
Le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) souligne d’ailleurs dans ses travaux l’importance des activités partagées en famille pour le bien-être émotionnel des enfants, notamment lorsqu’elles favorisent l’interaction et l’expression (Rapport HCFEA, 2020).
Favoriser l’autonomie et la confiance en soi
La magie des jeux de société, c’est aussi leur capacité à valoriser les compétences de chacun. Un enfant qui peine à s’imposer dans le cadre scolaire peut briller dans un jeu de stratégie ou de réflexion. Un autre, timide à l’oral, pourra s’épanouir dans un jeu de mime ou de devinettes.
Ces moments sont autant d’occasions de donner la parole, de saluer les efforts et les progrès. Chaque victoire, chaque bonne action devient un levier d’estime de soi. L’enfant reprend confiance, se sent reconnu. Et cette confiance acquise autour de la table peut se transposer au quotidien.
Une alternative intelligente aux écrans
À l’heure où les écrans envahissent nos foyers, proposer des jeux de société est une vraie bouffée d’air frais. On parle ici d’interactions réelles, de regards échangés, de gestes, de voix – tout ce que les écrans ne permettent pas ou peu. Et c’est précisément cela qui nourrit la relation parent-enfant.
Le Bureau des usages numériques auprès du CSA recommande d’équilibrer le temps d’écran par des activités partagées déconnectées, et les jeux de société figurent en tête des options suggérées (CSA.lab : rapport sur le temps d’écran et les enfants, 2021, page 24).
Des habitudes pour toute la vie
En partageant des jeux régulièrement, on inculque aussi une culture familiale de la convivialité et de la réflexion. Les enfants qui grandissent dans des familles « joueuses » retiennent souvent ces moments comme des souvenirs chaleureux… et perpétuent ces rituels une fois adultes.
Pourquoi ne pas instaurer une soirée jeu hebdomadaire ou mensuelle ? Cela crée un repère, un rendez-vous familial attendu, inscrit dans l’agenda de chacun. Vous pouvez même créer vos propres tournois, avec des trophées faits maison. Cela devient rapidement un événement familial incontournable.
Conseils pour bien choisir vos jeux selon l’âge
Il est indispensable d’adapter les jeux à l’âge et aux capacités des enfants. Voici quelques suggestions :
- Pour les 3-6 ans : « Little coopération » (Djeco), « Mon premier Carcassonne », « Hop! Hop! Galopons! » – des jeux simples avec peu de règles, favorisant la motricité et la concentration.
- Pour les 6-9 ans : « Uno », « Dobble », « 6 qui prend », « Qui est-ce ? » – des règles un peu plus complexes, des parties courtes et dynamiques.
- Pour les 9-12 ans : « Time’s Up! Kids », « Les aventuriers du rail », « Cluedo » – parfaits pour travailler la logique, la collaboration ou même le bluff !
- À partir de 12 ans : « Catan », « 7 Wonders », « Concept », « Code Names » – stratégie, coopération, créativité… tout y passe, souvent pour des parties plus longues et captivantes.
Un dernier conseil : impliquez les enfants dans le choix des jeux. Allez avec eux en magasin spécialisé, laissez-les toucher les boîtes, discuter avec les vendeurs. Vous verrez : leur enthousiasme est contagieux, et ils auront encore plus envie de jouer !
Une ressource intergénérationnelle à transmettre
Les jeux de société peuvent devenir de véritables héritages culturels et émotionnels. Qu’il s’agisse d’un vieux « Scrabble » transmis par les grands-parents ou d’un jeu de cartes qu’on ressort à chaque Noël, ces objets prennent une valeur quasi sentimentale. On y associe des souvenirs, des éclats de rire, parfois même quelques chamailleries « épiques ».
Transmettre le goût du jeu, c’est aussi transmettre une façon d’être ensemble, de se respecter, d’apprendre à vivre avec les autres. Cela s’inscrit pleinement dans l’éducation relationnelle et affective, pilier fondamental du développement de l’enfant selon la Convention internationale des droits de l’enfant (article 29).
Alors… ce soir, on joue ?
Rosa