Site icon Village des enfants

Comment accompagner les colères des tout-petits sans crier : méthodes bienveillantes pour les parents

Comment accompagner les colères des tout-petits sans crier : méthodes bienveillantes pour les parents

Comment accompagner les colères des tout-petits sans crier : méthodes bienveillantes pour les parents

Pourquoi les colères des tout-petits nous bousculent autant

Une porte qui claque, un petit corps qui se jette par terre au milieu du salon, des hurlements parce que… le verre est bleu et pas rouge. Si vous vivez avec un tout-petit, vous voyez très bien la scène. Et parfois, même avec toute la bonne volonté du monde, l’envie de crier arrive plus vite que la patience.

Je vous rassure tout de suite : non, vous n’êtes pas un mauvais parent. Vous êtes un parent humain, fatigué, souvent sous pression, qui se retrouve face à un enfant dont le cerveau émotionnel est en plein chantier.

Comprendre ce qui se passe dans la tête (et le cœur) de votre enfant est la première clé pour accompagner ses colères sans crier. Et la bonne nouvelle, c’est que c’est possible, tout en restant ferme, sécurisant… et respectueux de la loi qui encadre aujourd’hui les pratiques éducatives en France.

Ce que disent les lois françaises sur les colères et les “fessées éducatives”

Depuis quelques années, la loi a clairement posé un cadre concernant la manière dont on a le droit d’éduquer les enfants en France. Elle ne parle pas de colères en tant que telles, mais de la façon dont les adultes peuvent (ou plutôt ne peuvent pas) y répondre.

Quelques textes importants :

Crier sur un enfant de façon répétée, l’insulter, le menacer peut s’apparenter à des violences psychologiques. Nous ne sommes pas en train de parler d’un “oh là là, stop maintenant !” ponctuel, lancé sous le coup de la fatigue, mais de modes éducatifs basés sur la peur.

Accompagner les colères des tout-petits sans crier, ce n’est pas seulement un choix de style parental, c’est aussi s’inscrire dans un cadre légal et protecteur, pensé pour le bien-être et le développement de l’enfant.

Ce que vit réellement votre tout-petit pendant une colère

Avant 5-6 ans, le cerveau de l’enfant est encore largement dominé par les émotions. La partie du cerveau qui aide à contrôler les impulsions et à mettre des mots (le cortex préfrontal) est en construction. Lorsqu’il fait une crise, votre enfant n’est pas “manipulateur”, il est submergé.

Concrètement :

Votre rôle, dans ces moments-là, n’est pas de “faire taire” la colère, mais d’aider votre enfant à la traverser, en restant son adulte sécurisant. C’est là que les méthodes bienveillantes prennent tout leur sens.

Prévenir les colères : jouer sur ce qui est prévisible

On ne pourra jamais éviter toutes les colères (et ce n’est pas souhaitable : elles font partie de la construction de l’enfant). En revanche, on peut réduire la fréquence et l’intensité de certaines crises en travaillant sur les facteurs déclencheurs les plus courants.

Prévenir, ce n’est pas céder à tout. C’est anticiper les moments de vulnérabilité de votre enfant pour éviter qu’il ne bascule trop vite dans la tempête.

Accompagner une crise sans crier : une marche à suivre concrète

Face à une crise, je vous propose une sorte de “trousse de secours émotionnelle”. Elle ne fera pas disparaître la colère, mais elle vous aidera à la traverser sans cris.

1. D’abord, sécuriser

Si votre enfant se débat, jette des objets ou tape, la priorité est la sécurité :

À ce stade, le but n’est pas d’expliquer ni de raisonner. Juste de poser un cadre physique sécurisant.

2. Rester calme… ou au moins silencieux

C’est souvent la partie la plus difficile. Crier vient souvent de notre propre sentiment d’impuissance. Quelques idées pour vous aider :

Rester calme ne veut pas dire être d’accord avec le comportement de l’enfant. C’est juste décider de ne pas ajouter de l’huile sur le feu.

3. Nommer et accueillir l’émotion

Quand la crise commence à se stabiliser un peu, vous pouvez mettre des mots :

Vous ne cédez pas, mais vous reconnaissez ce que l’enfant ressent. C’est une étape essentielle pour qu’il apprenne, au fil du temps, à réguler ses émotions. Se sentir compris calme le cerveau émotionnel.

4. Poser un cadre clair, mais doux

L’éducation bienveillante n’est pas une éducation sans limites. Pendant ou après la crise, il est important de rappeler les règles :

Le message est double : l’émotion est accueillie, le geste violent est limité. Vous montrez qu’il est possible d’exprimer ce qu’on ressent sans tout casser autour de soi.

5. Proposer un “sas de retour au calme”

Une fois la tempête passée, beaucoup d’enfants ont besoin de contact physique pour se rassurer :

C’est aussi un moment pour glisser quelques mots simples :

“Tu as eu une grosse colère tout à l’heure. C’était difficile pour toi. La prochaine fois, on pourra essayer de…”

Inutile de faire un long discours. Un enfant en bas âge retient surtout le ton de votre voix et le message général : “Même quand je vais mal, mon parent reste là et m’aime.”

Et vous, dans tout ça ? Protéger aussi le parent

La loi, les neurosciences, la psychologie infantile… tout cela aide à mieux comprendre l’enfant. Mais il reste un élément clé : votre propre réservoir émotionnel. Personne ne peut accompagner sereinement des colères à longueur de journée avec un réservoir vide.

Quelques pistes réalistes :

Prendre soin de soi n’est pas un luxe. C’est un acte de responsabilité parentale. Un parent soutenu, informé et entouré a infiniment plus de ressources pour respecter le cadre légal, poser des limites et rester bienveillant dans la durée.

Accompagner les colères des tout-petits sans crier n’est pas un idéal inatteignable réservé à quelques parents “parfaits”. C’est un chemin, fait d’essais, d’erreurs, de petites victoires silencieuses. Chaque fois que vous parvenez à respirer au lieu de hurler, à nommer une émotion au lieu de punir à chaud, vous aidez votre enfant à construire un futur dans lequel les conflits ne se résolvent ni par la peur, ni par la violence.

Et ça, pour votre enfant, votre famille et même pour la société tout entière, c’est déjà immense.

Rosa

Quitter la version mobile